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Hakim Arezki, milieu de terrain du FC Cécifoot Précy-sur-Oise a pour prochain but les JO de Paris 2024
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Retour sur cet athlète oisien au parcours hors du commun qui a su transformer ses blessures en atout.

Agé de 39 ans, le défenseur tricolore, Hakim Arezki, a passé 21 ans dans le noir. Il a en effet perdu la vue en 2001 lors d’une manifestation étudiante sévèrement réprimée dans son pays natal. L’histoire d’Hakim commence en Kabylie. Ainé d’une famille de quatre enfants, il est né le premier jour du printemps en 1983. Passionné de sport, il pratique d’abord les arts martiaux, puis très vite, il est attiré par le foot, sport pour lequel il est doué et souhaite se consacrer.
Tout jeune, j’ai des rêves plein la tête dans mes montagnes qui me sont si chères
avoue cet amoureux de la Kabylie.
Il perd la vue en 2001 à 18 ans
A l’école, il doit apprendre l’arabe, une autre langue que sa langue maternelle le kabyle. « C’est difficile quand on est jeune mais on se débrouille ». C’est un peu plus tard que sa vie bascule. Etudiant au lycée, il brandit les mêmes revendications que ses camarades et sort ce jour-là manifester pacifiquement dans la rue : « Petits et grands, garçons et filles mélangés, on manifestait contre l’oppression, l’injustice sociale ! J’étais étudiant et avec mes camarades on a décidé de manifester pour défendre notre histoire et notre langue », explique-t-il.
Une manifestation pacifiste à la base mais violemment réprimée par les forces de l’ordre du gouvernement algérien qui ont tiré à balle réelles. « Moi j’ai reçu deux balles, une m’a traversé la cheville droite et une autre explosive, est venue se loger dans mon crâne sectionnant au passage les nerfs optiques ».
Doué pour le foot il grimpe les échelons rapidement
Hakim Arezki, devenu non voyant, est transféré en France par son père, aidé de proches qui craignent pour sa sécurité, et sa survie. Il sera transféré à Paris où il prend un nouveau départ. Il passera quasiment trois ans entre les soins de réparation et le suivi en ophtalmologie et ORL dans différents hôpitaux et cliniques. « Là je revis », précise-t-il. Malgré sa cheville touchée, il découvre le cécifoot à l’Institut national des jeunes aveugles de Paris. Il apprendra aussi la musique pour en faire son métier et devenir plus tard accordeur de piano. « Quand on est sportif, il ne faut pas négliger sa reconversion », appuie cette athlète de haut de niveau habitué dans sa discipline à ne rien laisser rien au hasard.

Champion d’Europe en 2009
Déjà doué au foot il ne tarde pas à grimper rapidement les échelons au cécifoot. Il intègre l’équipe de France et devient sportif de haut niveau, champion d’Europe des Nations en 2009. Ce sport lui permettant à nouveau de jouer au foot en se basant sur des repères sonores, jouera énormément dans sa construction admet-il. « Ça m'a beaucoup aidé aussi à être autonome dans la vie quotidienne », reconnait-il.
Médaille d’argent aux JO de Londres en 2012
Avec les Bleus, Hakim Arezki se hisse au plus haut niveau. Il est finaliste des Jeux Paralympiques à Londres en 2012. Hakim Arezki le martèle, « c’est toujours une fierté de porter le maillot des Bleus ! » Une manière de rendre hommage au pays qui l’a aidé à se relever, à faire sa rééducation et à transformer ses blessures en atout. « Après ce qui m’est arrivé en Algérie, c’est la France qui m’a sauvée », répète-t-il quand il évoque son parcours. Il recevra d’ailleurs des mains du Président de la République les insignes de Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 2013. Et décrochera la même année le titre de vice-champion d'Europe en Italie.
Aujourd’hui Hakim Arezki est un homme épanoui, papa d’une petite Nelya. Continuant à préparer des albums, ce musicien passionné travaille également - quand il n’est pas à l’entrainement – avec les scolaires. Il fait de la sensibilisation à l’éducation et au sport auprès des jeunes à qui il fait connaître sa discipline dans les écoles. Ils viennent parfois découvrir le cecifoot au club de Précy-sur Oise, base arrière des Jeux paralympiques de 2024.
Mais du haut de ses 39 ans, ce champion qui s’est déjà offert le sommet de l’Europe et l’argent aux JO de Londres, n’en a pas fini avec la compétition. Il s’est fixé un nouveau challenge : décrocher l’or en 2024.
Oui car elle va avoir un goût particulier cette compétition. Ce sera chez nous ! Ce Paris 2024 sera magique !
Paris 2024 dans son viseur
Athlète malheureux de la délégation française aux Jeux paralympiques 2021 qui se déroulaient à Tokyo, le vice-champion paralympique de 2012 veut « transformer la défaite vécue à Tokyo en énergie positive afin de préparer les JO de Paris 2024. Il faut rester humble et travailler car le chemin à parcourir est important. Deux ans, c’est long, car il y a encore des étapes, rester au plus haut niveau mais c’est également très court, car cela va passer très vite. De toute façon l’idée est d’aller taquiner la première place ! On repart regonflé à bloc !». Contacté à son retour des JO de Tokyo, il évoque son futur avec beaucoup de conviction :
Cette médaille d’or qui nous a échappé en 2012, on l’a touchée du doigt mais là, on va tout faire pour l’avoir !
martèle le défenseur tricolore.
Conscient qu’il reste bien des étapes à passer avant 2024, l’athlète oisien porte aussi un beau message quand on lui demande quelle serait sa journée idéale à Paris en 2024 : « Ce serait une journée lors de laquelle le sport et la société se réconcilient, une journée durant laquelle les gens viendraient voir du beau spectacle, peu importe la discipline et les sportifs, venir voir et partager les valeurs du sport… Après si cela pouvait être une journée qui se termine avec une petite médaille qui brille… ça pourrait être la journée idéale (rire) ».