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L'habitat inclusif - un choix de vie sécurisant et bienveillant
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« Chacun chez soi mais tous ensemble » dans la résidence arcs-en-ciel à compiègne
Idéalement situé, dans l'ancien quartier des maraichers de Compiègne, se dresse un petit immeuble de 24 logements d'un genre nouveau, rue de Paris. La résidence Arcs-en-ciel se trouve à proximité des transports et commerces, ce qui permet aux résidents d'être le plus autonome possible. Ici, 8 logements sur 23 sont réservés à des personnes âgées fragilisées, ou en situation de handicap.
Au total, elle accueille depuis 2018 une trentaine de résidents aux profils très variés. Une micité qui n'est pas le fruit du hasard mais la raison d'être de cette résidence privée. L'originalité du concept ? Les locataires vivent au quotidien avec des personnes handicapées autonomes, partageant des espaces communs et des temps de convivialité.
« Ils ont tous fait le choix de vivre dans leur appartement, la seule différence c'est qu'ils acceptent de signer une charte de bienveillance », expliquent Jérôme et Véronique Bataille, fondateurs du projet.
« Libre à eux de se mêler aux autres, de rejoindre les ateliers et animations que nous organisons tout au long des semaines. L'idée, c'est que chacun accepte de participer au projet de vie, de partager par exemple des repas comme on fait le jeudi où chacun ramène son panier, ou de participer à des moments de vie. »
Au rez-de-chaussé, il y plusieurs espaces collectifs, avec une cuisine, un coin télé, un salon, une bibliothèque et une salle à manger. « C’est ici qu’on peut se retrouver », décrit Nicole, 65 ans, qui a pris l'habitude de préparer le café pour toute la communauté tous les matins.
En cas de besoin, une animatrice et une animatrice et une coordinatrice sont présentes. La responsable loge même sur place pour venir en aide aux locataires.
Un projet sécurisant et bienveillant, fondé autour de la communauté entre les locataires favorisant leur intégration. L'idée même qui a inspiré Jérôme et Véronique Bataille afin d'offrir à leur fils atteint de trisomie 21 un tremplin pour son avenir. « Nous avons toujours voulu qu’il évolue dans un cadre normal » évoque Véronique Bataille.
« Ce qui m’a plu, c’est la mixité des personnes. On prend soin les uns des autres, on est soudés », avance Michèle, 65 ans, arrivée le 1er octobre dernier. «Ce n’est pas du tout une résidence pour seniors, il y a des gens de tous horizons, une infirmière, un agent de la SNCF, un gestionnaire immobilier, on côtoie des gens très différents, le concept m’a séduite et même au-delà de ce que je pensais ».
Dans le département, à ce jour, 62 logements sont financés par le Conseil départemental de l’Oise, avec une prévision de 91 logements supplémentaires à horizon 2028.
une résidence pour faire oublier les différences au cocoon'ages de margny-lès-compiègne
Autre modèle soutenu par le Conseil départemental, celui de Margny-lès-Compiègne, au sein d'un immeuble du bailleur social Clésence, une résidence labellisée Cocoon'Ages. Depuis mars 2023, quatre personnes en situation de fragilité suivies par l'association « la Nouvelle forge », porteur conventionné avec le Département, ont emménagé dans cette résidence flambant neuve de 80 logements avec une architecture adaptée pour bien vivre et bien vieillir, rue Octave Butin.
« Je ne déménagerai pour rien au monde ! », sourit Yvette, qui participe à un atelier de fabrication de truffes en chocolat.
un suivi des jeunes avec handicap par l'association la nouvelle forge
Habitant en colocation, Guillaume, un jeune atteint d'un trouble de spectre de l'autisme, est sur la voie de l'autonomie et de l'emploi. Lui et ses parents ont fait le choix de ce mode d'habitat ù il a trouvé son équilibre. Il est suivi par la Nouvelle Forge qui, avec la MDPH l'ont aiguillé vers ce dispositif.
« On est vraiment sur une mixité des publics, ces projets favorisent l’inclusion et tentent de répondre à l’isolement social parfois subi par ces personnes fragilisées, avec toujours cette notion de partage, d’entraide et de vivre ensemble », explique Nadia NICOLLE, chargée de mission au Conseil départemental.
Le Département de l'Oise a choisi de s'engager dans le financement de l'habitat inclusif depuis 2021. Il mène ainsi une politique d'habitat plus innovante pour proposer aux habitants de l'Oise un nouveau foisonnement de solutions et ainsi respecter le libre choix des personnes de vivre là où elles le désirent.
Avec l’habitat inclusif et l’Aide à la Vie Partagée, le Conseil départemental de l’Oise veut lutter contre l’isolement des Seniors et des personnes en situation de handicap. A terme, ces nouveaux projets d’habitat inclusif offriront aux futurs habitants un cadre bienveillant, sécurisé et solidaire, conclut Nicole COLIN, Vice-Présidente chargée des personnes âgées et des personnes handicapées.
le département s'engage en faveur de l'habitat inclusif et innove avec l'aide à la vie partagée
Pour encourager le développement de l'habitat inclusif, le Département de l'Oise a mis en place une nouvelle aide, l'Aide à la Vie Partagée (AVP). Il a aussi crée une Conférence des financeurs de l'Habitat inclusif pour fédérer les partenaires locaux autour de la démarche et définir la stratégie de développement.
L'AVP est versée au porteur de projet de vie partagée : elle permet de financer l'accompagnement et l'appui au projet de vie sociale et partagée, ce projet permet de créer des temps d'animation dans l'habitat inclusif pour les habitants.
une alternative à la vie en établissement
L'habitat inclusif est une nouvelle solution, innovante, de logement adaptée pour les personnes handicapées et/ou âgées. Il constitue une alternative à la vie à domicile et à la vie en établissement. Les habitants y vivent dans des espaces privatifs, tout en partageant des espaces communs et un projet de vie sociale.
Il est destiné aux personnes âgées et aux personnes en situations de handicap qui font le choix d'y vivre, et qui sont en ce sens en mesure de participer naturellement à la vie sociale.
L’habitat est « inclusif » car accompagné (par des professionnels), partagé et inséré dans la vie sociale et locale. Les résidents bénéficient d’un accompagnement et d’une animation d’un projet de vie en collectivité.
C’est :
- Un logement adapté en milieu ordinaire qui peut être social ou privé
- Une alternative à la vie en institution
- Un logement assorti d’un projet de vie sociale et partagée qui a pour objectif la prévention de la perte d’autonomie et qui favorise le « Vivre ensemble »
- Les habitants partagent des espaces communs et des temps de convivialité
- Ouvert à toute personne intéressée par une vie semi individuelle ou semi-collective.
une démarche nationale en faveur de l'habitat
L'habitat inclusif et son développement sont fortement liés aux tendances lourdes et irréversible du vieillisement de la population. Les personnes âgées de 65 ans ou plus seront bientôt plus nombreuses que celles de moins de 20 ans. A la donnée purement statistique s'ajoute également un changement des mentalités et des nouvelles aspirations.
Les formes d’habitat inclusif se développent mais ces formes sont extrêmement diverses selon les publics accueillis et les projets menés au sein de l’habitat inclusif. L’accélération constatée de création de nouvelles formes d’habitat, au cours des cinq ou six dernières années a conduit à l’élaboration d’une politique publique propre à l’Habitat inclusif.
L’habitat inclusif a donné lieu à un rapport, le Rapport PIVETEAU-WOLFROM qui marque véritablement le lancement de son développement en France. Le Comité Interministériel du Handicap de décembre 2016, en promulguant la « Démarche nationale en faveur de l’habitat inclusif pour les personnes handicapées » en a constitué le premier acte, suivi par l’article 129 de la loi ELAN en 2018 (loi elle-même suivie de plusieurs actes réglementaires).
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